Mandarine
Dans la journée, le mois de novembre venu, j'aime m'accorder une "pause mandarine".
Manger une mandarine, c'est une parenthèse sensorielle.
Je commence par attaquer la peau avec l'ongle de mon pouce gauche, elle résiste, le geste mesuré visant à ouvrir l'écorce sans percer la peau plus fine des quartiers. Là, j'hume avec délices les suaves effluves des premières gouttes d'essence. Sous la pression, les petits sacs parfumés éclatent et mouillent un peu mes doigts. Plus tard, je les respirerai encore avec bonheur.
Les morceaux d'écorces s'amoncellent maintenant sur mon bureau, dans un ordre un peu maniaque. La partie arrondie du sommet de la mandarine à l'envers en dessous, comme une coupelle, et les autres lambeaux par-dessus, en évitant d'en mettre partout.
Je m'attaque alors aux petites peaux blanches, patiemment. Chaque quartier a sa colonne vertébrale et ses ramifications. On l'attrape par le sommet, on tire délicatement vers le bas. Si je peux l'enlever d'un seul coup du haut en bas avec toutes ses veinules, j'ai gagné.
Une fois que le fruit aura fait un tour complet dans ma main, avec mes deux pouces sur son nombril, je vais l'ouvrir en deux. Je retire alors les fibres du cœur.
La dégustation proprement dite peut maintenant commencer. Je détache le premier quartier et le porte à mes lèvres. La pression de mes dents en son milieu le fait éclater dans ma bouche, baignant mon palais de son jus délicieux.
Et déjà c'est fini. Ne restera, invisible sur mes doigts, que la preuve accablante et odorante de ma gourmandise.
Manger une mandarine, c'est une parenthèse sensorielle.
Je commence par attaquer la peau avec l'ongle de mon pouce gauche, elle résiste, le geste mesuré visant à ouvrir l'écorce sans percer la peau plus fine des quartiers. Là, j'hume avec délices les suaves effluves des premières gouttes d'essence. Sous la pression, les petits sacs parfumés éclatent et mouillent un peu mes doigts. Plus tard, je les respirerai encore avec bonheur.
Les morceaux d'écorces s'amoncellent maintenant sur mon bureau, dans un ordre un peu maniaque. La partie arrondie du sommet de la mandarine à l'envers en dessous, comme une coupelle, et les autres lambeaux par-dessus, en évitant d'en mettre partout.
Je m'attaque alors aux petites peaux blanches, patiemment. Chaque quartier a sa colonne vertébrale et ses ramifications. On l'attrape par le sommet, on tire délicatement vers le bas. Si je peux l'enlever d'un seul coup du haut en bas avec toutes ses veinules, j'ai gagné.
Une fois que le fruit aura fait un tour complet dans ma main, avec mes deux pouces sur son nombril, je vais l'ouvrir en deux. Je retire alors les fibres du cœur.
La dégustation proprement dite peut maintenant commencer. Je détache le premier quartier et le porte à mes lèvres. La pression de mes dents en son milieu le fait éclater dans ma bouche, baignant mon palais de son jus délicieux.
Et déjà c'est fini. Ne restera, invisible sur mes doigts, que la preuve accablante et odorante de ma gourmandise.